La table ronde EDI 2023 organisée le 30 juin dans la salle du Grand Conseil de Lucerne a été placée sous le signe de la nLPD, laquelle entrera en vigueur sans délai transitoire au 1er septembre 2023. Le Dr Daniel Heller, président du conseil d’administration de l’hôpital cantonal de Baden et du Groupe Barmelweid AG, a présenté les défis actuels et futurs d’un hôpital.

Daniel Heller est président du conseil d’administration de l’hôpital cantonal de Baden et de la clinique spécialisée Barmelweid, lesquels réunissent quelque 680 lits au total. Lors de la table ronde EDI, il a présenté, d’un point de vue stratégique, la voie que devrait emprunter un hôpital s’il souhaite rester à la hauteur en matière d’infrastructure, de numérisation et de gestion des données. Le domaine de prédilection de Daniel Heller: la gestion de l’innovation. «Je pense qu’à l’hôpital cantonal de Baden, nous sommes dans un bon état d’esprit dans ce domaine», a-t-il constaté d’emblée.

L’hôpital en tant que prestataire
L’hôpital cantonal de Baden est le fournisseur de soins central pour le secteur Argovie Est. Il se partage les soins médicaux du canton d’Argovie avec l’hôpital cantonal d’Aarau (KSA). Employant environ 3300 personnes, l’hôpital cantonal de Baden est le centre hospitalier de plus de 350 000 habitant·e·s et le prestataire de soins de base d’environ 150 000 personnes. Son importance s’étend bien au-delà de la région et de l’Argovie de l’Est. Près de 22 000 cas stationnaires et plus de 90 000 cas d’urgence ont été traités en 2022. L’hôpital, qui a tout le canton d’Argovie en sa possession, est une entreprise saine qui a généré en 2022 un chiffre d’affaires de 460 mio. de francs. Avec une marge EBITDA actuelle remarquable de 8,2 %, il réalise des bénéfices nets bien supérieurs à la moyenne de la branche. «Actuellement, environ 70 % des hôpitaux n’atteignent pas la marge EBITDA de 10 % prescrite par les experts», rappelle Daniel Heller.

Facteurs d’influence
La gestion et la réussite d’un hôpital sont influencées par de nombreux facteurs extérieurs. Les mesures de régulation du milieu politique, des législateurs et des autorités, telles que les mandats de prestations, les tarifs et les prescriptions, mais également la pression économique qui conduit à une économisation de la médecine, et enfin le progrès technique ou les besoins du personnel et des patient·e·s, en font partie. «L’essentiel est d’être prospectif sur le plan stratégique et opérationnel, de mettre en place une structure managériale optimale et une gestion efficace des coûts, tout en proposant une offre de qualité supérieure et en encourageant l’esprit de corps».

La pression augmente
Les hôpitaux doivent être rentables pour pouvoir survivre. Toutefois, même la meilleure des planifications ne sert à rien si le milieu politique impose en permanence de nouvelles directives et procède à des adaptations et à des coupes budgétaires. «Dans une activité où l’intensité en personnel est de 66 ou 67 %, de telles mesures ne sont pas faciles à absorber», précise Daniel Heller. «La marge de rendement ne peut être maintenue. Tout s’est fortement aggravé avec la crise énergétique. Nous payons aujourd’hui 1,5 mio. de francs de plus par an pour le courant et l’énergie – et il n’est pas si simple de répercuter cette somme sur les prix et les tarifs».

La numérisation est une formidable opportunité
La numérisation pourrait permettre de gagner en efficacité et de réduire les coûts. «Selon une étude de McKinsey et de l’EPFZ, il serait possible d’économiser au moins 8,2 milliards de francs – par an!» Si des solutions de santé numériques orientées vers les patients, comme les interactions en ligne, l’auto-gestion des patient·e·s ou d’autres prestations en libre-service, étaient appliquées de manière conséquente, des solutions de santé en ligne s’imposeraient et si, en outre, des technologies dites «facilitatrices», telles que l’échange de données standardisé sans papier ou les ordonnances de médicaments électroniques, étaient utilisées, de très nombreuses ressources pourraient être épargnées».

Les données – un trésor inexploité
La numérisation ne permet pas seulement d’améliorer l’efficacité et de réduire les coûts, «une analyse des données serait également importante pour les prises de décisions et la personnalisation de la médecine. En outre, elle réduirait considérablement les cycles de recherche. Toutefois, seuls 6 % au maximum des données cliniques théoriquement disponibles sont numérisées et anonymisées et sont accessibles pour la recherche. Les ruptures de système, les silos de données, l’absence de normes et le manque de communication sont autant de raisons qui expliquent le manque d’accès à ce trésor inexploité». Daniel Heller regrette qu’il n’y ait aucune vue intégrée du patient. De plus, les études multicentriques ne pourraient être appliquées qu’avec une lourde charge de travail. «Beaucoup considèrent l’informatique comme un facteur de coûts et non pas comme une innovation. Et c’est une erreur».

Health Innovation Hub
Daniel Heller atteste que «l’innovation à l’hôpital est un vaste sujet». C’est la raison pour laquelle l’un des onze champs d’action stratégiques de l’hôpital cantonal de Baden est justement l’innovation, la «surveillance systématique des nouveaux développements qui pourraient avoir un impact sur la manière dont l’hôpital fournit ses prestations – que ce soit par exemple dans le domaine du diagnostic ou des processus de soutien». Des coopérations avec des partenaires intéressants de renom ou des start-up permet à l’hôpital cantonal de Baden d’être informé des transformations importantes.

L’Health Innovation Hub, «notre plateforme spécialement créée pour les innovations dans les soins de santé intégrés», existe depuis 2018, explique Daniel Heller. L’hôpital cantonal de Baden met des locaux à disposition, participe financièrement aux projets, offre un environnement de test proche de la réalité, échange son savoir-faire et ses expériences, met des données à disposition et garantit les relations avec le réseau de partenaires. «Nous voulons faire quelque chose, tenter des choses», déclare Daniel Heller.   

Conclusion:
Le milieu de l’hôpital doit se numériser davantage. «Nous devons instaurer une gestion des données à la pointe de la technologie», souligne Daniel Heller. Une plateforme performante est à présent mise en place pour l’hôpital cantonal de Baden, avec la collaboration de l’EPFZ. «Bon nombre de soignant·e·s se plaignent de passer leur temps à documenter, parfois même avec des bouts de papier et des fiches de données – mais cela devrait bientôt changer. Car l’avenir est numérique».

Présentation (PDF)